Festival passion musique autour d’un piano
du 3 au 5 mars 2023, à la chapelle Saint-Julien de Petit-Quevilly
EN RÉCITAL le vendredi 3 mars, par Laurent LAMY, piano
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate en ut majeur KV330
Allegro moderato – Andante cantabile – Allegretto
Mozart écrivit 18 sonates, échelonnées de 1774 à 1789, qui sont le fait d’un musicien en pleine possession de ses moyens, un virtuose du piano.
Au premier abord, cette sonate en ut majeur pourrait passer pour une aimable oeuvrette de divertissement. Mais, derrière la simplicité et le charme mélodique, se cache une merveilleuse invention, où les riches modulations infiniment subtiles de l’andante cantabile creusent l’émotion et vous chavirent le coeur.
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n°14 en ut dièse mineur
Adagio sostenuto – Allegretto – Presto agitato
La Sonate n°14 en ut dièse mineur fut composée entre 1800 et 1801, au cœur de l’ascension napoléonienne. Ne prenant son surnom « Clair de lune » qu’en 1852, elle annonce les mutations artistiques qui se feront jour tout au long du XIXème siècle. C’est le début de la période dite romantique.
La passion du compositeur pour l’une de ses élèves, la comtesse Giulietta Guicciardi, liée à la famille des Brunsvik, semble avoir été l’élément déterminant de son inspiration. Âgé de 31 ans, Beethoven était moins conscient de la différence d’âge – la jeune fille était de quinze ans sa cadette – que de la différence de milieu. La mère de la jeune femme envoya un cadeau qui mit en rage Beethoven. S’estimant humilié, il rompit aussitôt et dédia toutefois la sonate à la jeune comtesse… afin de lui prouver son indéfectible attachement !
Frédéric Chopin (1810-1849)
Barcarolle opus 60
La barcarolle est une des toutes dernières compositions de Chopin, une œuvre lumineuse qui ne cherche pas les effets. Qu’on la considère comme nostalgique et rêveuse, ou plus dramatique et nerveuse, seule compte la spontanéité.
Mazurkas op 59 n°1 & 3
La mazurka est une danse nationale polonaise, à laquelle Chopin n’a cessé de revenir tout au long de sa vie de compositeur. Très populaire en Pologne dès le XVIe siècle, la mazurka est une danse à trois temps dont l’accent principal tombe sur les temps faibles, et plus particulièrement sur le second. Chopin en a conservé le rythme, mais, pour reprendre l’expression de Liszt, « il a ennobli la mélodie, agrandi les proportions ». Il laisse près de soixante mazurkas, toutes remarquables par leur écriture pianistique, leur harmonie audacieuse et la variété de leurs rythmes, autant de pièces (souvent écrites en mineur) pleines de cette diversité « de motifs et d’impressions » que relevait Liszt. Alfred Cortot y a vu plusieurs catégories : « les mazurkas dansées, les mazurkas chantées, les mazurkas chantées et dansées, mais aussi les mazurkas décidées et les mazurkas élégiaques. »
Ballade n°1 en sol mineur opus 23
Oeuvres de la maturité, les quatre ballades sont sans doute les compositions les plus ambitieuses de Chopin. De proportions relativement vastes, elles reprennent largement à leur compte l’esprit et le caractère de la ballade littéraire, associant épisodes lyriques, épiques et dramatiques. Avec Chopin, la ballade devient un genre musical et instrumental à part entière, dont la forme évolutive et dramatique convient idéalement à l’expression romantique.
Composée en 1835, mais esquissée dès 1831, la ballade en sol mineur fit très forte impression sur Schumann qui, l’ayant entendue en 1836 sous les doigts de Chopin, la qualifia tout bonnement de « géniale ». Liszt, de son côté, y voyait une « odyssée de l’âme de Chopin ». C’est « un immense poème plein de passion, d’émotion et de mélancolie presque douloureuse… » Chef-d’œuvre d’un musicien de vingt-cinq ans en pleine possession de son génie, ce morceau bousculait plus que jamais les traditions en ouvrant des perspectives inouïes : « Utilisation des accords à l’encontre des fonctions traditionnelles, recours au chromatisme à un degré inconnu jusqu’alors, choix des harmonies privilégiant la coloration du timbre et sa séduction sensuelle, révélation des beautés de la dissonance, au-delà de son simple rôle de tension. »
Laurent Lamy, pianiste, compositeur, commence le piano avec Laurent Cabasso puis reçoit, à travers l’enseignement de la pianiste polonaise Barbara Halska, une synthèse des traditions pianistiques issues de Clara Schumann, Busoni, Liszt et Chopin, dont elle a hérité auprès de ses professeurs Jerzy Żurawlew (fondateur du concours Chopin de Varsovie) et Tatiana Nikolaïeva.
Il se produit en soliste et avec des partenaires comme les violonistes Andrzej Krawiec, Guy Comentale, les violoncellistes Martin Menking, Damien Ventula, les artistes lyriques Halina Lukomska, Bernarda Fink, Marie Gautrot, Andreas Jäggi, le guitariste Jacques Marmoud, les pianistes Jean-Efflam Bavouzet, Lech Napierala, le flûtiste Mario Carbotta, les comédiens Francis Facon, Marie-Christine Barrault, et sous la direction de chefs comme Bernard Le Monnier, Makoto Suehiro.
EN SONATE le samedi 4 mars,
par Karen WALCZAK-LE SAUDER, piano, et Oğuz KARAKAS, clarinette
Clara Schumann (1819-1896)
Nocturne pour piano op.6 n°2
Clara Schumann, de son nom de naissance Clara Wieck et épouse du compositeur Robert Schumann, est l’une des rares musiciennes de l’ère romantique, considérée comme la pianiste la plus remarquable de son époque. Elle est la première interprète des œuvres de son mari et compositrice de plus de quarante œuvres. Elle influence également considérablement le répertoire du piano et les sensibilités musicales de sa génération.
La carrière de Clara Schumann, l’une des rares musiciennes capable de vivre de son art dans une période dominée par des compositeurs et musiciens, peut être divisée en deux répertoires. Sa jeune carrière mise particulièrement sur des œuvres virtuoses. Elle passe ensuite de cette virtuosité vers un répertoire davantage sérieux et représentatif du Nouveau Romantisme. Elle travaille aussi à faire connaître et diffuser les œuvres de son mari Robert Schumann, surtout après sa mort en 1856. Grâce à sa carrière musicale, Clara Schumann rencontre des compositeurs tels Felix Mendelssohn, Frédéric Chopin, Franz Liszt et Johannes Brahms, qui lui témoignent une grande admiration.
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour clarinette & piano op.120 n°1 en fa mineur
Allegro appassionato – Andante un poco adagio – Allegretto grazioso – Vivace
Les deux sonates pour clarinette op.120, écrites pendant l’été de 1894 à Bald Ischl, et jumelles tant par leur élaboration que par leur style, constituent les dernières œuvres de musique de chambre composées par Brahms.
Outre leur magistrale exploitation des possibilités de jeu de la clarinette, elles offrent en chacun de leurs mouvements une perfection de forme, et le travail thématique s’y déploie avec une telle aisance évidente qu’il passe inaperçu.
Ainsi que le note Claude Rostand « seul le contenu poétique semble avoir compté pour Brahms. Ce sont des œuvres écrites pour soi, comme les feuillets d’un journal intime. »
Inspiré par le prodigieux talent du clarinettiste Richard Mühlfeld, cette 1ère sonate fut exécutée en privé avec Brahms au piano à l’automne 1894 à Berchtesgaden et acclamée en première audition publique à Vienne les 8 et 11 janvier 1895. Ce chef d’œuvre majeur d’une exceptionnelle liberté mélodique inspirera d’autres compositeurs à intégrer l’instrument à une œuvre de chambre, comme Mozart avant Brahms.
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Valse nonchalante op.110 pour piano
Éditée par Durand en septembre 1898, la Valse nonchalante fut créée par son auteur au Teatro São Pedro de Alcântara, à Rio de Janeiro, le 18 juin 1899. Saint-Saëns avait présenté sa nouvelle composition à l’éditeur Durand dans une lettre datée du 15 juin 1898 : « Messieurs ! J’ai l’honneur de vous annoncer la naissance d’une fille qui répond au nom de Valse nonchalante avec cinq bémols aux clefs. Elle est destinée au ‘‘Numéro de Noël’’ du Figaro illustré et je n’ai pas cru devoir, pour accorder cette faveur au dit Journal, vous demander votre autorisation. Bien entendu, il vous sera loisible de la publier ultérieurement (si j’ose m’exprimer ainsi). » Il orchestra la pièce en 1921, à l’intention de la ballerine Stacia Napierkowska, d’origine polonaise mais née à Paris, qu’il trouvait « absolument charmante ». Il avait dédié la version pour piano à la princesse Hélène Bibesco, mécène et pianiste roumaine (par ailleurs tante d’Anna de Noailles), qui répondit à l’hommage en ces termes : « On m’a assuré que Reyer avait fait vœu de ne jamais écrire un article sans y insérer le nom de Berlioz. Je vous promets, pour ma satisfaction personnelle, de ne jamais me laisser réquisitionner comme pianiste sans faire voltiger sur le clavier le rythme ailé de votre délicieuse valse. » La mélodie séduisante et les élans sensuels de la Valse nonchalante, dans le style des valses de café-concert de l’époque (mais plus exigeante techniquement), firent sans doute le bonheur des salons. Saint-Saëns semble lui-même avoir éprouvé un faible pour cette partition, qu’il enregistra en 1904.
Sonate pour clarinette & piano en mib Majeur op.167
Allegretto – Allegro animato – Lento – Molto allegro – Allegretto
Cette sonate pour clarinette et piano fait partie d’un ensemble de trois œuvres, complété d’une sonate pour hautbois et piano (op. 166) et d’une sonate pour basson et piano (op. 168), toutes trois composées à Paris durant les mois de mai et de juin 1921, soit peu de temps avant le décès de Saint-Saëns. L’ambition initiale du compositeur était de consacrer une œuvre à chaque instrument à vent – « En ce moment, je consacre mes dernières forces à procurer aux instruments peu favorisés sous ce rapport les moyens de se faire entendre » écrivait Saint-Saëns en avril 1921, songeant aussi, avant qu’il ne décède, à une pièce pour le cor anglais. Cet ambitieux projet ne put être mené à terme, mais il suscita la création de trois opus dont les qualités respectives en font des œuvres importantes (et pourtant peu documentées) du répertoire français pour les vents au XIXe siècle. Les trois sonates furent éditées chez Durand en novembre 1921, mais on ne conserve aucun compte-rendu de performance publique du vivant du compositeur. Dédiée à Auguste-Éléonore Périer, professeur au Conservatoire de Paris et clarinettiste à l’Opéra-Comique, la Sonate pour clarinette et piano en mi bémol majeur offre, en quatre mouvements, un aperçu élégamment agencé des possibilités sonores et techniques de la clarinette.
Karen Walczak-Le Sauder, piano
Diplômée des Conservatoires de Versailles et de Boulogne-Billancourt et formée en Art Dramatique au Conservatoire de Rouen, elle joue régulièrement dans des formations hétéroclites (piano-accordéon, trompette-trombone-piano, violon-contrebasse-piano) allant à la rencontre de tous les publics, ouverte à toutes les formes d’art. Titulaire du certificat d’aptitude, Karen enseigne le piano et la musique de chambre au conservatoire de Mantes la Jolie et aux écoles de Rouen. Elle a joué avec les musiciens de l’Opéra de Rouen, du collectif les Vibrants Défricheurs et travaillé avec de nombreux chanteurs, comédiens, graphistes…
Oğuz Karakas, clarinette
Après des études musicales au Conservatoire National d’Izmir en Turquie, Oğuz obtient en 2001 un prix de perfectionnement en clarinette au C.R.R. de Rouen puis en 2003 un 1er prix à l’unanimité au Conservatoire de Paris. Enseignant actuellement dans les écoles de musique de Petit-Quevilly et Grand-Quevilly, il se produit régulièrement au sein de différents orchestres nationaux : Opéra de Rouen et Opéra de Paris, orchestres Colonne et des Pays de la Loire.
EN DUO le dimanche 5 mars,
par Adèle BOXBERGER, mezzo-soprano, et Axel WILLEM, piano